Le chien d'arrêt
L’apparition du chien d'arrêt pour la chasse aux gibiers à plumes remonte au 14e siècle. Dès qu'ils sentaient la présence d’un gibier, ces chiens, de type épagneul, se couchaient, immobiles, permettant ainsi aux chasseurs de lancer sur eux un filet pour capturer le gibier… c’était avant l’invention de la poudre à fusil. Encore aujourd’hui, quelle fascination de voir un chiot se figer à l’arrêt lorsqu’il capte, pour la première fois, l’odeur d’une perdrix ! On a l’impression de voir en une fraction de seconde remonter des siècles d’instinct hérité de ses ancêtres, et c’est cette connivence avec le chien qui anime le chasseur au chien d’arrêt. Au fil des siècles, les éleveurs ont réussi par sélection à améliorer la qualité olfactive, la vitesse et la docilité, faisant évoluer les races en fonction des besoins jusqu'aux chiens d’arrêt actuels, pour le plus grand bonheur des chasseurs de petit gibier.
En action de chasse, le chien d’arrêt ne voit pas le gibier, il le sent, sa capacité olfactive étant de loin supérieure à celle de l'humain. Donc, le chien court, narines ouvertes à la recherche d’émanations qui lui révèlent la présence du gibier. Quand il détecte une gélinotte ou une bécasse, il s'immobilise dans une pose tendue très caractéristique, « pointant » à son maître la présence du gibier : c’est l’arrêt.
L'éducation et le dressage débutent en bas âge, et s'échelonnent sur quelques années. Si l’arrêt s’inscrit dans le bagage génétique du chien, il faut le contrôler par dressage afin qu’il soit productif pour son maître. Le port d’une clochette au cou aide à suivre le déplacement du chien dans le sous-bois dense, et dès que le tintement cesse, c’est le moment tant attendu… l’arrêt : l’adrénaline à son comble, le chasseur localise d’abord son chien immobile, pointant un endroit bien précis, puis il avance lentement, le cœur battant la chamade, le fusil bien en main, il dépasse le chien toujours de marbre, et sans crier gare, une bécasse s'envole dans un bruit d'ailes caractéristique... Le fusil monte à l'épaule et le chasseur voit la chute de l'oiseau au loin. Le chien s'empresse de retrouver la jolie bécasse pour la rapporter à son maître, qui le félicite amicalement avant de le relancer à la recherche d’une nouvelle bécasse ou gélinotte.
La chasse au chien d’arrêt, c’est une passion, un rituel tout en finesse, qui renoue avec la complicité millénaire entre l'homme et son auxiliaire canin. Ses adeptes sont de véritables passionnés, qui connaissent bien la forêt et ses gibiers et qui les respectent. Cette activité traditionnelle unique se pratique dans les somptueux coloris de l’automne et gagne à être connue, pour sa noblesse et son esprit de conservation.